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Reportage Zomerlucht Maakt Vrij: Avec David Leisterh à Bruxelles




Retenir et créer de la classe moyenne à Bruxelles

 

Il y a quelques semaines, l’Institut Bruxellois de Statistique et d’Analyse (IBSA) a sorti son baromètre démographique 2021. 

 

Les conclusions sont sans appel : plus de 40.000 Bruxellois ont décidéde quitter la Ville pour s’installer ailleurs en Belgique (émigration interne). Si la Région ne perd pas d’habitants en chiffres absolus, c’est en raison d’un solde migratoire international positif.

 

17.000 Bruxellois c’est un peu moins de la population totale d’Evere qui part chaque année.  

 

Autrement dit, les Bruxellois quittent Bruxelles tandis que les Wallons et les Flamands ne sont pas suffisamment attirés par la capitale. Cet exode n’est pas nouveau, mais le fait qu’il soit désormais une tendance constante inquiète fortement.

 

Tout aussi inquiétant : plus de 50% des départs sont issus de la classe dite « moyenne ». D’une manière ou d’une autre, il s’agit là de personnes qui de par leur réussite individuelle contribuent au rayonnement de Bruxelles et à son dynamisme. 

 

A défaut d’inverser la tendance, Bruxelles sera une Ville scindée en deux : les fonctionnaires européens d’une part, les personnes qui arrivent sur le territoire belge d’autre part (cette dernière catégorie pouvant également être sujette à l’exode urbain). 

 

Les pouvoirs publics ont les clés en main pour conserver cette classe moyenne et même, pour la créer. Pour cela, nous proposons une stratégie en cinq axes :

 

Premièrement, la refonte de la politique de mobilité. Bruxelles s’est construite autour de l’Expo 58 où des autoroutes urbaines et des chemins de fer traversaient la Ville pour amener les visiteurs. A l’époque, c’était moderne mais il y avait 10 fois moins de voitures. Compte tenu du statut quo, les banlieues se sont développées : Bruxelles est une ville où on travaille et de moins en moins une ville où l’on vit. Alors que d’autres capitales travaillent depuis des décennies sur des plans structurés, détaillés précis, accompagnés d’un narratif et d’une association de toutes les forces vives, Bruxelles n’a construit que 12 km de lignes de bus, tram et métro en 10 ans. Aujourd’hui, pour rattraper son retard,  nous devons miser sur l’investissement stratégique (métro, solutions sur le premier et le dernier kilomètre, des infrastructures sûres et un partage clair des espaces publics) en améliorant drastiquement les procédures de délivrance de permis, encore trop lourdes et sources, elles aussi, d’une exode des entreprises.

 

Ces investissements mènent au deuxième axe : faire du beau – redorer le blason de Bruxelles. Pour cela, un exemple : à l’instar de Madrid ou Boston, enfouir certaines autoroutes urbaines bruxelloises à l’instar de l’avenue Charles Quint, ce qui permettrait de revitaliser des quartiers. Autre proposition : déterrer certains cours d’eau pour amener de l’air et de la fraîcheur. Ces projets structurants donneraient un nouveau souffle à Bruxelles et propulserait la Région dans un 21ième siècle plus dynamique. 

 

Troisièmement, cette logique doit être transposée dans les quartiers, et particulièrement dans les quartiers difficiles, connus, où la précarité se transmet de génération en génération. Pour cela, il faut copier-coller Malines et y développer une recette en trois ingrédients : 1. De la sécurité via des patrouilles dédiées, à la fois chargées d’assurer la sécurité et la propreté. 2. Créer autour de l’école un écosystème émancipateur avec des centres de formation sur place (à l’instar des vaccibus mais ici pour apprendre un métier ou une langue), des crèches pour que les parents mettent leurs enfants pendant qu’ils se forment, des incubateurs qui vont chercher les nombreux talents qui se cachent dans les quartiers. 3.Les infrastructures doivent, là aussi, être modernes, fonctionnelles et esthétiques. Ce n’est pas parce que vous vivez dans un quartier dit « pauvre », que vous devez avoir une rue, un banc ou une école pauvre. 

 

Quatrièmement, nous devons offrir un logement abordable tant pour les plus démunis que pour la classe moyenne. Cela passe par un travail sur la fiscalité (une baisse du taux facial des droits d’enregistrement, couplé à l’abattement). Cela passe aussi par une offre de logement. Le travail à distance libère de nombreux espaces de bureaux qui peuvent être réaffectés en logements permettant d’élargir l’offre à Bruxelles. Dans le même temps, le recours généralisé aux AIS (Agence Immobilière Sociale) permettrait d’offrir un toit à tout un chacun, surtout aux plus précarisés, et ce plus rapidement qu’en s’entêtant sans succès depuis 20 ans à vouloir construire des logements sociaux sur les derniers espaces verts de Bruxelles alors que le bâti occupé par les résidents des SISP (Sociétés Immobilières de Services Publics) méritent une rénovation en profondeur. 

 

Enfin, il faut tourner nos forces vives vers des métiers d’avenir. La rénovation du bâti est le plus grand chantier lié à la lutte contre le changement climatique et au pouvoir d’achat des ménages : diminuer nos émissions et nos factures. C’est une occasion unique de former une filière capable de relever ce défi, et de ne pas faire appel à de la main d’œuvre qui devrait prendre l’avion pour baisser notre empreinte écologique. 

 

Bruxelles a besoin d’un cap et de projets. Il n’y a aucune fatalité en matière d’avenir mais des logiques profondes qui peuvent être infléchies. Tous les ingrédients sont là pour donner un nouvel essor à la Ville-Région que nous aimons, Bruxelles.