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Pas de nouvelle guerre des taxis, car c’est l’objectif caché !




Les libéraux prônent avec ferveur la liberté de la presse, de l'innovation, des forces du marché et de la démocratie parlementaire. C'est vrai : la semaine dernière, tout cela s'est retrouvé au milieu du débat au sujet des « Uber Files  ». Une multinationale a fait du lobbying à Bruxelles sur des politiques pour qu'il soit légalement possible de réserver un taxi via sa plateforme en ligne. Le secteur des taxis s'y est obstinément opposé. Lobbying et contre-lobbying.

 

Liberté de la presse    

Un lobbyiste peu scrupuleux de la plateforme de mobilité s'est repenti (plutôt tardivement) et a fait parvenir au journal britannique The Guardian toutes ses archives de tentatives d'influence sur la politique. Cela a ensuite conduit à des révélations sur les méthodes de travail de l'entreprise dans différents pays. La presse a révélé que l'entreprise était brutale dans son approche. Ces lobbyistes violent-ils un code éthique ? Peut-être. Mais ont-ils commis des infractions pénales ? Peut-être. Il reviendra aux tribunaux d'en juger. Nous vivons dans un état de droit. Les mêmes articles montrent également la pression exercée par le secteur des taxis pour bloquer toute modification de la législation.


Innovation

Les plateformes de mobilité numérique de partage, comme Uber mais aussi Heetch, Bolt et d'autres, sont-elles des moteurs d'innovation ? Absolument ! Aucune ville moderne au monde ne peut s'en passer. Elles sont populaires auprès des citoyens. C'est ainsi que fonctionne l'innovation : elle est là, elle bouleverse les codes, le gouvernement réglemente, le marché fonctionne et la société s'épanouit. Il est inutile de bloquer l'innovation. Les fichiers Uber, tels que rapportés par la presse, montrent - outre la pression et les méthodes peu discrètes des acteurs de terrain - que les politiques ont utilisé l'innovation pour faire sauter la législation existante sur les taxis. La preuve : la nouvelle ordonnance bruxelloise sur les taxis a enfin intégré l'innovation dans la législation. Trop tard à notre avis, mais à juste titre.  

 

Principe du marché    

À Bruxelles, la STIB, avec son métro, ses trams et ses bus, fait du bon travail, grâce aux années d'investissements publics des gouvernements bruxellois successifs. Les voitures privées partagées, les vélos partagés, les trottinettes et les taxis complètent l’offre des transports publics. Les Bruxellois, les usagers principaux, ont clairement fait savoir que le secteur des taxis existant n'était pas à la hauteur par rapport à d'autres villes européennes : offre trop limitée, tarification peu claire, marchandage des licences d'accès à la profession, etc. Le monopole corporatiste a donc été remis en question par de nouveaux acteurs... Ce sont les utilisateurs qui ont créé la demande. Outre les méthodes et la pression exercée par les différents opérateurs, la réforme du cadre juridique de ce nouveau marché était la priorité : des conditions économiques plus équitables, des droits sociaux pour les conducteurs et de meilleurs services pour les citoyens.    

 

Démocratie parlementaire    

Et ceci nous amène au dernier point : la question d'une commission d'enquête. Une commission sur quoi ? A propos d'Uber et de ses pratiques ? Sur les allées et venues des lobbyistes de toutes sortes ? Les tribunaux font leur travail. Le Parlement n'est pas une cour de justice. Parle-t-on du dysfonctionnement du gouvernement dans l'affaire des taxis ? Dans ce cas, il devrait s'agir du gouvernement et non d'Uber seul. Ensuite, la question pourrait aussi être de savoir si le gouvernement s'est laissé utiliser et abuser de manière illégale par les opérateurs du secteur des taxis : pratiques illégales avec les licences de taxi, revente de licences, utilisation abusive de licences... C'est une question beaucoup plus large.


Ou devrait-il s'agir de l'ubérisation de la société ? C'est peut-être l'objectif caché. C'est là, dans la résistance à l'innovation, que réside la surenchère électorale que nous observons aujourd'hui. La vilaine multinationale, son dumping social et son évasion fiscale, contre l'économie locale pure. Mais nous n'avons pas besoin d'une commission d'enquête pour cela : tous les jours dans les débats, nous défendons, lorsque c'est possible, un cadre juridique pour l'innovation dans notre économie. En parallèle, nous apportons des réponses à ceux qui ciblent électoralement la peur de l'innovation. Par ailleurs, tant les chauffeurs de taxi traditionnels, que les chauffeurs de plateforme sont des entrepreneurs indépendants pour lesquels il devrait exister un cadre économique viable. 

 

En résumé: grâce à la liberté de la presse, les pratiques des lobbyistes et les pressions exercées sur les politiques sont exposées. C'est une bonne chose. Les actes condamnables font l'objet d'une enquête. C’est bien. En tant que libéraux, l'innovation et l'amélioration des forces du marché dans un cadre juridique moderne n'ont rien d'illégal. Dans une démocratie libérale, les idées et les visions de la société s'affrontent dans les débats parlementaires. L'Open Vld se concentre désormais sur la réforme de l'ensemble du secteur des taxis que nous avons finalement réussi à mettre en œuvre : des taxis plus nombreux et de meilleure qualité pour les Bruxellois, une mobilité partielle moderne et adaptée à la ville. Bruxelles devrait maintenant se concentrer principalement sur les décrets d'application qui permettront à la nouvelle législation d'entrer en vigueur. Bruxelles n'a pas besoin d'une nouvelle guerre des taxis.

 

Carla Dejonghe, Khadija Zamouri & Guy Vanhengel

Députés bruxellois Open Vld