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Imane Belguenani: « L’identité bruxelloise est un signal clair et plein d’espoir »



« L’article ‘Geen Vlaming, Belg of Marokkaan, maar Brusselaar’, dans De Standaard du 4 février, n’est pas anecdotique. Au contraire, c’est très pertinent », affirme Imane Belguenani.  Belguenani est la présidente de BlueTalks, le centre d’étude Charles Buls de l’Open Vld Bruxellois. « L’identité bruxelloise dérange peut-être certains politiques du côté flamand. Elle ne fait pas partie de leurs projets pour la Belgique. Moi je constate que l’identité bruxelloise s’impose à nous de manière naturelle, spontanée et sans complexes dans différents débats que nous menons».

 

Dans deux des trois BlueTalks que nous organisons d’ici l’été le concept s’invite dans le débat. En février les membres du parti libéral bruxellois parlent de la place de Bruxelles dans une future réforme. Ils parleront du fameux ‘model à quatre régions’ que Philippe Van Parijs propose dans son Belgium, une utopie (2018).  Dans une interview récente accordée à La Libre  (25 janvier 2021) le ministre Sven Gatz disait de cette identité bruxelloise dans le cadre d’une réforme de l’état: « Quand on est à New York, on n’est pas aux États-Unis. Quand on est à Bruxelles, on n’est pas spécialement en Belgique. »

 

En mai les libéraux de l’Open Vld bruxellois entameront une réflexion sur Bruxelles en tant que Arrival City. Les flux de migrations au niveau mondial, comme décrit par Doug Saunders dans Du village à la ville : Comment les migrants changent le monde (2010), transforme profondément la vie dans les grandes métropoles. Les habitants n’y sont plus liés par une tradition, une langue ou une histoire commune. Non pas leur origine, mais bien leur avenir, leur projet commun pour leur ville, les lient.

 

C’est la contribution“Eenheid in diversiteit: de lijm van de Brusselse identiteit”  dans la publication de la VUB Migratie, gelijkheid & racisme (2021), qui est à la base de l’article dans De Standaard. «C’est une constatation inévitable », selon Imane Belguenani. « Le co-auteur Petrus te Braak y affirme à raison qu’une forme d’identité est importante pour la cohésion sociale ». Dans leurs recherches ils sont tombés, comme par le hasard, sur la constatation statistique que les jeunes bruxellois, quelque soit leurs origines, s’identifient plus volontiers avec Bruxelles, qu’avec la Belgique, la Flandre ou la Wallonie. Ils ne font que confirmer des constatations similaires dans d’autres pays. Patrick Stouthuysen et Johan Basiliades avaient lancé une réflexion similaire avec la publication de Le rêve de Sismondi, de l’identité urbaine (2014).  C’est une publication parue dans la série L’air de la ville rend libre, une série lancée en 2005 avec comme objectif de développer une vision libérale de la politique urbaine, accentuant les possibilités et la force d’innovation de la ville.  

 

Jan Willem Duyvendak avait conclu dans sa contribution à la publication, sur base d’études à New York et à Amsterdam, que la citoyenneté urbaine est plus inclusive que la citoyenneté nationale.  Dans leur propre contribution au livre La citoyenneté comme alternative au nationalisme?, Stouthuysen et Basiliades, affirment en effet sur des bases plus théoriques, qu’une forme d’identité est importante pour forger une communauté, mais aussi pour la démocratie et la solidarité au sein d’une communauté. Et il n’y pas de raison a priori que cette identité doit être nationale. Une identité urbaine est moins culturellement déterminée. Elle repose sur des conventions pratiques et concrètes de vie en communauté dans un espace urbain partagé. Petrus te Braak parle lui ‘d’identité parapluie’ dans sa contribution.  

 

Imane Belguenani : « Je vois ceci plutôt comme un signal d’espoir que ce concept d’identité bruxelloise s’impose spontanément dans nos débats. C’est une rupture avec ce cliché récurent de générations de jeunes perdues entre deux cultures. La toute grande majorité sont bruxellois, tout simplement bruxellois. C’est une notion dont nous nous accommodons volontiers dans nos réflexions sur la ville ».