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In memoriam Albert Maertens (1915-2015)




Albert Maertens est décédé le samedi 23 mai 2015. Il était sans aucun doute un des plus importants fondateurs du libéralisme flamand dans la seconde moitié du siècle passé. Nous nous en souviendrons comme d’un homme sage, aimable, souriant et malicieux, mais aussi comme un homme fidèle à ses principes : libéral social et humaniste, libre-penseur et tolérant.

Albert Maertens était né à Aardenburg dans une famille libérale. À l’instar de son père, le docteur Gustaaf Maertens, actif au sein du Willemsfonds et d’autres associations libérales à Torhout, Albert Maertens s’était engagé très tôt dans le mouvement libéral, à Torhout mais aussi à Gand, pendant ses études universitaires. Il était actif au sein du Liberaal Vlaams Studenten Verbond (LVSV), les étudiants libéraux flamands, de « ‘t Zal Wel Gaan » et de l’association des étudiants antifascistes. Il était président de ces trois associations étudiantes en même temps, et personne d’autre ne l’a jamais imité. Il était aussi à la base du mensuel « Neohumanisme », le périodique du LVSV. Dans les cercles étudiants gantois, il a rencontré de nombreux partenaires de plus tard, et également sa première épouse, Lea Verkein.

À l’éclatement de la guerre, il était évident qu’il rejoigne la résistance. Il s’est engagé tant au niveau local que dans le Front de l’Indépendance, et a recruté pour la résistance, principalement dans les milieux libéraux. Il est resté fidèle aux amitiés fondées pendant cette période pour autant qu’il ait pu. Fin 1942, il est arrêté par la Gestapo. Il a survécu à la confrontation avec l’occupant allemand à Breendonk grâce à sa détermination et a été libéré faute de preuves.

Après la guerre, Julius Hoste jr. lui demande de devenir son bras-droit au journal Het Laatste Nieuws. Après le décès de son patron en 1954, Albert Maertens devient, jusqu’en 1985, le directeur-généal de ce qui s’appellent à l’époque encore les Éditions Hoste. Il assure l’épanouissement du journal et des éditions et les tire à travers des années difficiles alors que des journaux concurrents comme De Standaard font faillite. Sa réalisation la plus importante est assurément l’ancrage de la ligne social-libérale et humaniste de Het Laatste Nieuws, par la fondation du même nom. Plus de soixante ans après, cette fondation a prouvé son utilité et sa qualité. C’est dès lors un vrai monument qu’il a érigé et nous a légué.

Dans les médias, il était aussi notamment administrateur de l’agence de presse Belga et un président apprécié du conseil d’administration de la RTB en son temps. La fondation Arthur Vanderpoorten, qui assurait le programme mensuel De Liberale Gedachte en Actie sur la télévision publique, était aussi une initiative d’Albert Maertens. Il était avec d’autres à la base de l’ancrage entre la presse écrite et l’émetteur commercial VTM, ce qui devait assurer l’indépendance des deux groupes et le fait toujours aujourd’hui.

Albert Maertens a aussi permis que les magazines libéraux Het Volksbelang et De Vlaamse Gids puissent continuer à jouer un rôle plein de sens. Des associations comme le Willemsfonds et le Liberaal Vlaams Verbond pouvaient toujours compter sur son soutien et sa sympathie inconditionnels. Les associations culturelles flamandes à Bruxelles et en particulier le KVS ont toujours pu faire appel à lui. Il avait aussi un intérêt pour la littérature et l'art, en particulier pour l'œuvre de Jan Cox.

Albert Maertens a par ailleurs participé à la vie économique et sociale. Il était notamment administrateur du Vlaams Economisch Verbond, de la Sabena et du Spaarkrediet.

Albert Maertens n'a jamais eu de mandat politique ou envisagé de carrière politique. Sa contribution au libéralisme flamand est pourtant difficile à mesurer. Bien qu'il était toujours en arrière-plan, il fut le moteur, voire même l'épine dorsale, du libéralisme flamand et social dans notre pays. Des hommes politiques libéraux comme Frans Grootjans, Karel Poma, Herman Vanderpoorten et Willy De Clercq pouvaient compter sur son soutien inconditionnel. Il fut en 1987 le premier lauréat, à juste titre, du prix Herman Vanderpoorten, attribué par le Liberaal Vlaams Verbond.

Pour son mérite pour le mouvement libéral, les Liberaal Archief ont nommé leur bâtiment "Centre Albert Maertens".

Après sa mise à la pension, il y a trente ans, Albert Maertens s'était retiré discrètement à Ostende, dans son appartement avec vue sur la mer, entouré de ses œuvres d'art. Il y a vécu de manière autonome jusqu'il y a quelques mois avec sa deuxième épouse, Jeanne. Début 2015, il a été admis à l'hôtel de soins Wellington, où il est décédé le samedi 23 mai 2015, un mois après son centième anniversaire.

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