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Carla Dejonghe : « L'ordonnance Taxi est un grand pas en avant vers un secteur des taxis dynamique et en pleine croissance. »




PARLEMENT BRUXELLOIS – Lors de la discussion sur l'ordonnance Taxi au Parlement bruxellois, Carla Dejonghe, députée de l’Open Vld, s'est tournée vers l'avenir. « Nous croyons en une culture du taxi en plein essor à Bruxelles. Avec un cadre juridique et social, nous travaillons sur une mobilité tournée vers l'avenir pour les acteurs nouveaux et existants », a-t-elle déclaré lors de son intervention pendant la commission des Affaires intérieures.

 

« Quelques mois après l’ordonnance « sparadrap », le texte final est prêt en temps et en heure. Je pense qu'il convient d'abord de remercier, à nouveau, toutes celles et ceux qui ont travaillé à cette solution temporaire. La majorité et l’opposition, ensemble. Et ce, dans l'intérêt du secteur et de l'emploi. Je voudrais également remercier tous ceux qui ont travaillé sur ce texte final et qui continueront à y travailler lors de cette discussion, à commencer par le Ministre-Président et le gouvernement.

 

L’ordonnance actuelle présente d'abord le cadre historique. C'est pertinent. L'offre de transport évolue dans la ville en fonction des possibilités techniques et de la demande. Dans le roman « Het ivoren aapje » (ou « Le singe d’ivoire » en français) d'Herman Teirlinck, les gens traversent encore Bruxelles en calèche tirée par des chevaux après une soirée à La Monnaie. D'Ieteren, qui a récemment repris Taxi Vert, était un carrossier. Les temps et la mobilité dans une ville changent. Lentement mais sûrement !  Le secteur des taxis est là pour la mobilité urbaine, pour l'économie, pour l'expérience dans la ville. En bref, pour les habitants, les usagers de la ville et leurs besoins évoluent. »

 

Un grand pas en avant

« Ce texte est essentiel pour notre groupe. Nous faisons un grand pas en avant et espérons qu'avec cette réforme, nous pourrons favoriser une véritable culture du taxi et faire un pas de plus vers le MaaS. Notre vision de l'avenir des taxis s'inscrit dans cette optique. Nous croyons en la croissance du secteur et en une culture dynamique du taxi urbain. La décision du gouvernement concernant le nombre de taxis de station et de taxis de rue sera essentielle à cet égard. Avec cette ordonnance, nous n'avons pas encore d'opinion à ce sujet.

 

L'ordonnance part à juste titre de l'idée que ce problème ne sera pas réglé une fois pour toutes, mais qu'il sera évalué, ensuite révisé et mis à jour en fonction des facteurs socio-économiques.

Le secteur connaît actuellement une énorme croissance. Je dois donc continuer à insister sur le fait qu'il doit être dynamique. L'étude de Deloitte partait de l'hypothèse d'environ 6 000 taxis. C'est le chiffre pour une ville comme Birmingham où il existe déjà une véritable culture du taxi. Amsterdam en a 7000. Nous nous trouvons loin de ces chiffres-là. Mais n'oublions pas que l'offre causera également une hausse de la qualité et de la demande. C'est ainsi que nous créons la culture du taxi dont nous avons tellement besoin à Bruxelles. Pour les nouvelles générations de Bruxellois, l'usage du taxi doit devenir un élément à part entière de leur mobilité, à côté de l'autopartage, du vélo (en libre-service), de la marche, de la trottinette, des transports en commun... et bien sûr du métro pour les longues distances en ville.

 

Nous descendons à la station de métro Bordet en 2032 et prenons ensuite un autre taxi (un taxi de station ou un taxi de rue, qui sait ?) pour Haren ou Diegem. Tout sera complémentaire ! J'espère également que le gouvernement, comme c'est le cas pour le reste du marché du travail lorsqu'il y a une « pénurie » – et dans ce cas précis, je parle d’une pénurie de chauffeurs – insistera sur la valorisation de l'expérience dans l'attribution rapide de nouvelles licences lors de la transition vers le nouveau système.

 

C'est certainement dans la phase de transition, lors du passage des licences LVC aux licences de taxi de rue, que l'expérience acquise peut le mieux être prise en compte. J'ai entendu dire que c'est aussi ce qui s'est passé avec les taxis il y a vingt ans. Les personnes qui conduisaient déjà un taxi ont été exemptées des tests, en fonction de leur expérience, pour obtenir la nouvelle licence. Si l’on n’offre pas d’exemption, donnons alors au moins assez de temps aux chauffeurs pour passer tous ces tests. Le pire qui puisse arriver lors de cette transition vers le nouveau système est qu’il y ait une pénurie de taxis de station et de taxis de rue ; et que des personnes qui conduisent depuis des années – et qui ont donc de l'expérience – se retrouvent temporairement sans revenu et sans travail. Il est également important qu'il y ait simplement suffisamment de véhicules sur la route pour répondre à la demande. Nous devons penser en termes de croissance de cette forme de mobilité (qu’on parle de taxis de station ou de taxis de rue) et ne pas créer des barrières administratives inutiles, alors que nous pouvons prendre des mesures transitoires pendant la mise en œuvre. Ces personnes veulent travailler. Il y a du travail, et nous fournissons un cadre socialement et juridiquement solide pour ces personnes. N'imposons donc pas ces fameuses barrières administratives inutiles. »

 

Cadre métropolitain de Bruxelles

« Il en va de même pour les titulaires de licences LVC flamandes et wallonnes. C'est probablement un peu plus difficile, mais j’aimerais tout de même le mentionner. Voyons voir si, lorsqu’on passe aux taxis de rue à Bruxelles en vertu des nouvelles règles, ils ne pourront pas suivre une procédure simplifiée et égale pour les licences bruxelloises. Le récent jugement du tribunal de première instance de Bruxelles, rendu fin avril dans une affaire opposant TRB à Uber sur l'ordonnance « sparadrap », va déjà dans cette direction-là.  Il reste donc à voir si cela est réalisable afin d'éviter des litiges inutiles par la suite.

 

Je comprends parfaitement que nous travaillons et pensons dans un cadre régional bruxellois. Mais je crois que tôt ou tard, nous devrons admettre des « ouvertures » afin de travailler dans un cadre plus large, que nous appellerons le « cadre métropolitain de Bruxelles ». Nous aimons toujours faire référence à la région métropolitaine de Bruxelles. Passer des accords avec la Flandre et la Wallonie, voilà comment on appelle cela. Le moment n'est probablement pas encore venu. Laissons d'abord le secteur se développer. C'est un débat pour plus tard. De toute façon, il se présentera tôt ou tard.

 

Le texte stipule également que des quotas seront fixés pour des sous-catégories, comme le transport des personnes à mobilité réduite. C'est essentiel, mais n'oublions pas que la meilleure mesure pour les personnes à mobilité réduite est un parc de taxis adapté aux chaises roulantes.

Cela s'applique également aux transports publics, à l'accès aux bâtiments ou simplement à la disposition des rues. Si l’ensemble des taxis est testé pour les chaises roulantes, cela conviendra à tout le monde : familles avec enfants, parents avec poussettes, personnes âgées ayant des problèmes de mobilité ou utilisant des déambulateurs, personnes avec chien (d'assistance, ou pas), etc.

La fille du secrétaire de notre groupe est en chaise roulante. Quand elle me parle de taxi, elle fait référence à Londres. Londres est un paradis pour les taxis, car ces derniers sont conçus pour être adaptés aux chaises roulantes. Le transport séparé pour les personnes en situation de handicap est une bonne chose. Les quotas et les critères sont importants. Mais que tous les taxis soient accessibles par conception est encore mieux. »

 

Uber

« Commander un taxi via une application plutôt qu’un téléphone est également essentiel pour de nombreuses personnes en situation de handicap. Nous pouvons encore améliorer beaucoup de choses dans ce domaine-là et apprendre d'autres villes comme Londres. Les plateformes ont déjà créé beaucoup de nouveautés et de possibilités. Cette ordonnance va dans la bonne direction à cet égard. Elle renforce également la culture du taxi pour ces groupes cibles, et donc leur mobilité et leur indépendance.

Un aspect très important de l'exposé des motifs de l'ordonnance, mais qui n'a pas encore été mis en pratique, est l'électrification du parc automobile. À terme, le secteur des taxis devra lui aussi passer aux véhicules électriques. Peut-être que cela pourra être accompagné de l'introduction de modèles testés pour les chaises roulantes. Faire d’une pierre deux coups.

Pour conclure, nous aurons probablement beaucoup d'autres réflexions à faire et à partager lors de la discussion par article. Je comprends parfaitement que ce texte représente un équilibre entre les différentes visions. Néanmoins, mon groupe estime que ce texte constitue un grand pas en avant.  Je suis donc heureuse d'assumer certains choix qui nous paraissent moins évidents, pour autant que ce texte nous permette de suivre les nouveaux besoins, technologies et évolutions en matière de mobilité. C'est le cas, sans aucun doute.

Ce texte fournit non seulement un cadre juridique, mais également une sécurité sociale, y compris pour les chauffeurs. Nous allons construire le reste sur cette base. Je répète : nous sommes optimistes. Nous croyons vraiment que le secteur va se développer, créer des emplois, rendre la mobilité meilleure, plus respectueuse de l'environnement, plus fine et plus adaptée à notre ville. C’est pour cela que j’aimerais à nouveau remercier toutes celles et ceux qui ont travaillé sur ce projet. Tout n'a pas encore été résolu, mais nous faisons un grand pas en avant dans un dossier qui a la réputation d'être politiquement délicat.  C’est la preuve d'une bonne coopération. »

– Carla Dejonghe lors de la commission des Affaires intérieures