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Bruxelles n'a pas à envier la politique d'intégration flamande




Certains débats en Flandre ne trouvent pas d’écho en Belgique francophone. C’est le cas du débat sur la réforme de l’agence Flamande pour l’intégration des primo-arrivants. Celle-ci a décidé l’été dernier de licencier 170 employés. Cette crise qui dure depuis près de 8 mois à fait couler beaucoup d’encre dans le nord du Pays. Les premiers licenciements sont tombés le mois dernier : 56 personnes ont été mises à la porte. Au-delà de ces licenciements abusifs, c’est la question de l’absence d’une vision à long terme qui se pose.  

Depuis plusieurs années, la Flandre mène une politique d’intégration assez singulière dans notre pays. Les primo-arrivants qui s’y installent sont obligé de suivre un parcours d’intégration. Ils y apprennent la langue et le fonctionnement de nos institutions avec pour objectif de maximiser leurs opportunités sur le marché de l’emploi.

Ces parcours d’intégration étaient au début dispensé par des ASBL qui fonctionnaient de façon plus au moins autonome. Ce n’est que sous la précédente législature, quand l’actuel Ministre-président Flamand Geert Bourgeois était encore ministre de l’intégration, que les choses ont changé. Celui-ci a en effet décidé en 2012 de faire table rase de toutes ces ASBL et de créer une politique commune d’intégration à la fois pour la Flandre et Bruxelles. 

Intégration et centralisation

L'idée d'une agence est donc née. Toutefois, son élaboration n’a impliqué malheureusement que les nationalistes Flamands et leurs cabinets ministériels.

Toujours est-il que l’idée en soi était une étape logique dans la politique d'intégration initiée par mon collègue  Marino Keulen dans les gouvernements précédents. Nous avons toujours été favorables à une harmonisation des politiques d’intégration et la centralisation des parcours était une évidence. C’était donc depuis les bancs de l’opposition que nous apportions notre soutien à cette initiative – qui semblait alors positive et constructive.  

Quelques années plus tard, c’est depuis les bancs du Parlement bruxellois que je constate avec stupéfaction que l’initiative que j’avais soutenue, est en train de tomber en ruine à cause de la mal gérance de la NV-A. C’est aujourd’hui plus de 170 personnes qui sont amenées à quitter leur poste, dans différentes villes, notamment Bruxelles. Une grande partie de ces personnes avaient été engagées il y a quelques années lors de la crise des réfugiés, et ce avec un contrat à durée indéterminé. Le mois dernier, 56 personnes ont été licenciées  dont de nombreux professeurs de langues à Bruxelles. En conséquence, de nombreux primo-arrivants ne peuvent pas clôturer leur parcour d’intégration simplement par manque de professeurs disponibles.

Licenciements à outrage et mauvaise gouvernance

L’actuel ministre de l’intégration Liesbeth Homans et le directeur de l’agence pour l’intégration, qui n’est autre que l’ancien chef de cabinet de Geert Bourgeois, défendent bec et ongles cette réforme. Le flux migratoire ne serait plus si important et l’agence n’aurait donc plus besoin de tout ce personnel. C’est sans prendre en compte le fait qu’à Bruxelles, depuis 2018, les parcours d’intégration sont obligatoires. La demande est donc forte tandis que l’offre vient d’être restreinte.

Outre le fait de ces licenciements, c’est aussi la gérance de l’agence qui pose question. Pourquoi ont-ils fait usage de contrats à durée indéterminé pour une crise qui était temporaire ? Comment se fait-il que le système informatique qui a couté une fortune ne fonctionne toujours pas ? Qu’en est-il de la tension salariale entre le management et les salariés ? Qu’en est-il des absences de longue durée du personnel ? Comment se fait-il qu’il y ait déjà 13 licenciements à Bruxelles, sachant que depuis peu le parcours d’intégration y est obligatoire ?

Toutes ces questions restent sans réponse.  La NVA méprise souvent la culture politique à Bruxelles, mais nous avons ici un exemple flamand de mauvaise gouvernance qui n’est pas à envier. Mes collègues NV-A du Parlement bruxellois n'ont pas manqué une occasion de tacler la politique bruxelloise sur l'intégration obligatoire. Leurs critiques tombent aujourd’hui à l’eau lorsque nous dressons l'état des lieux de l'Agence d'intégration Flamande. Alors oui, Bruxelles n’a surtout pas à suivre cet exemple flamand.

L'article est paru le 19 mars 2018 dans L'Écho: https://www.lecho.be/opinions/carte-blanche/Bruxelles-n-a-pas-a-envier-la-politique-d-integration-flamande/9992910