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L'Axe du Mal




Cela n’arrête pas. Nous devons à nouveau compter les victimes du fanatisme islamiste violent dans une ville européenne. Quand j’étais petite, la terreur islamiste n’apparaissait qu’à la télévision. Les attentats en Israël étaient pour moi des évènements lointains. Mes enfants ont quant à eux grandi avec les attentats dans le métro qu’ils prennent chaque jour pour aller à l’école, avec la terreur là où nous partons en vacances, imposée par des islamistes qui, tout comme leurs amis d’écoles, ont des parents musulmans. Ils connaissent la différence que nous ne savions pas faire : la différence ô combien importante entre les musulmans et les islamistes.

Notre professeur d’histoire nous racontait que les ‘musulmans’ perpétraient des attentats en Israël parce que ‘ce pays était une épine dans le pied du Moyen-Orient’. Dans son magnifique récit De Jihadkaravaan, Montasser AlDe'emeh explique en détail comment la situation de la Palestine affecte à juste titre le cœur de nombreux musulmans et comment le sort des Palestiniens est utilisé dans la propagande de haine des islamistes. Alors qu’ils devaient utiliser des cassettes dans les années ’80 pour aider l’ayatollah Khomeini au pouvoir, ils ont aujourd’hui recours à des vidéos réalisées professionnellement qu’ils diffusent par internet jusqu’à chaque chambre, chaque maison et chaque snack. Jusque dans les quartiers où nous vivons.

On ne peut que constater qu’à peu près tous les pays occidentaux sont à présent une épine dans le pied d’un groupe très radical au sein de l’islam : les islamistes. Tout comme les salafistes, ils élèvent la religion comme loi de la nature. Utiliser la violence contre les apostats est une partie de leur jihad, qui peut se traduire comme « faire un effort dans un but donné ». Il ne s’agit pas d’un « Jihad de l’amour » comme Mohamed El Bachiri l’écrit si bien comme hommage à Loubna, sa femme, musulmane, décédée dans la terreur à la station de métro Maelbeek. Non, le jihad des salafistes nous cible, vous et moi. Il cible tout qui ne vit pas selon leurs règles.

Vous avez probablement vu la vidéo dans laquelle une jeune femme en jeans et t-shirt se promène en rue au Maroc et est insultée et agressée par un groupe de jeunes garçons. La défenderesse des droits de l’homme Khadija Ryadi a sonné l’alarme à ce sujet : « De plus en plus de garçons considèrent la simple présence de la femme dans l’espace public comme indécente. Ces idées stupides et moyenâgeuses sont importées du Moyen-Orient ». Elle vise très probablement l’Arabie Saoudite où il suffit d’exprimer son opinion pour être condamné comme apostat.

Prenez par exemple l’histoire du blogueur saoudien Raif Badawi. Il a écrit que les musulmans, les chrétiens, les juifs et les non-croyants étaient égaux, suite à quoi il a été poursuivi par les autorités saoudiennes. Le juge a considéré ce qu’il avait écrit comme apostasie, punie en Arabie Saoudite par la peine de mort. Son avocat, les pressions d’Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits de l’homme ont permis de ‘réduire’ la peine de mort à 1000 coups de fouet et 10 ans d’emprisonnement. L’avocat a lui aussi été arrêté et condamné. Imaginez-vous aller en prison pour avoir écrit que les hommes sont égaux.

Un autre exemple : pendant un festival culturel à Riyad, la police religieuse saoudienne a expulsé trois acteurs parce qu’ils étaient ‘trop beaux’ et représentaient dès lors un ‘danger pour la société’.

Le président Donald Trump fait les yeux doux à de tels régimes criminels. Lors de sa visite au roi Salman en mai de cette année, il lui a serré la main longuement et avec le sourire. Pas un mot à propos de la répression de la liberté d’expression en Arabie Saoudite. Le président américain n’a pas non plus pris la peine de s’exprimer à propos de Raif Badawi et d’autres prisonniers de conscience en Arabie Saoudite. Aucune question ni condition n’est imposée à ce régime par l’un des plus puissants hommes au monde.

Des questions se posent alors. Pourquoi l’Arabie Saoudite reste-t-elle hors du viseur de la soi-disant guerre contre le terrorisme ? Pourquoi le pays n’est-il pas dans l’Axe du Mal, formulé par le président Bush ? La réponse est probablement aussi simple que banale : l’argent. La constitution des États-Unis par les pères fondateurs ne parlait pourtant pas d’argent mais de principes comme la liberté d’expression. Nulle part ne se trouve ‘show me the money’. Le ‘Terrorist Financing Targeting Center’ nouvellement créé est un bon plan, mais une boite vide. Pour lutter contre le terrorisme, il faut en arracher les racines : ceux qui les commettent, ceux qui les prédiquent, ceux qui les financent et ceux qui les couvrent. Un pays qui enferment ceux qui considèrent les non-croyants ou les pratiquants d’une autre religion comme égaux est un pays qui sème chaque jour la semence de la haine. Combien de temps nous laisserons-nous encore éblouir par les palais saoudiens ?

Dans son discours lors de sa visite en Arabie Saoudite, Trump a parlé d’un pays magnifique et a remercié le roi Salman pour ses investissements énormes en Amérique – 300 milliards de dollars, dont 100 milliards pour des armes. Il est temps que l’Amérique et l’Europe remettent de l’ordre dans quelques principes : la liberté d’expression vient avant l’argent.

Els Ampe

Députée bruxelloise